SVEN HÄBERLIN, le «chef» numérique

Où en sont l’hôtellerie et la restauration suisses en termes de numérisation?

Il y a d’énormes différences. Si un hôtel zurichois moderne peut parfaitement rivaliser avec des chaînes internationales sur le plan de la commercialisation numérique, de nombreux établissements de restauration à la campagne ont tout juste un site web obsolète. En règle générale, les hôtels sont plus avancés que les restaurants: à l’heure actuelle, près de 80% des réservations hôtelières se font en ligne. Quant à la restauration, elle a encore du chemin à faire.

«Plus personne n’échappe à Google»

Quels sont les chantiers les plus urgents pour les établissements des deux branches?

Plus personne n’échappe à Google. Le support de Google my Business – appelé fiche d’établissement Google – est un plus. C’est gratuit et Google automatise l’enregistrement des établissements et le support sur la base des avis des utilisateurs si on n’intervient pas. Créer un compte, gérer sa fiche et ajouter un outil de réservation est très rapide et offre beaucoup de visibilité en ligne. Avec «Google my Business», on peut aussi répondre aux avis Google. De plus, il faut indiquer les caractéristiques de l’établissement, par exemple, la cuisine, l’ambiance, s’il dispose d’une terrasse. Utiliser les bons mots-clés fait partie du positionnement stratégique dans l’univers numérique. Google récompense les fiches bien gérées: on peut considérablement augmenter la visibilité organique, donc non rémunérée, locale.

«Le site web est la carte de visite d’un établissement»

Quelles autres mesures un établissement peut-il prendre?

Le site web est la carte de visite d’un établissement et devrait donc être clair et attractif. Il existe aujourd’hui des outils simples et peu onéreux tels que Jimdo et Wix. Si les informations classiques comme les horaires d’ouverture, les cartes de menu, l’outil de réservation et le plan d’accès sont faciles à trouver, Google le reconnaît avec un meilleur référencement qui fait grimper le trafic sur le site web. Je m’étonne toujours de voir que de nombreux établissements ne proposent pas d’outil de réservation directe. Si un client souhaite réserver une table rapidement le matin, il doit pouvoir le faire en deux clics. Envoyer un mail ou passer un coup de fil, c’est trop long. Et ça ne vaut pas seulement pour la clientèle jeune. Les plus de 50 ans au fort pouvoir d’achat veulent pouvoir réserver en ligne depuis bien longtemps.

A partir de quand faire appel à un expert en marketing?

Tout dépend de l’objectif. Si l’on veut augmenter la popularité de son établissement, les basiques évoqués sont primordiaux, tout comme une présence sur Instagram et Facebook qui aide à la mise en réseau. On peut s’en occuper en interne, mais c’est chronophage. Si l’objectif est plus concret, par exemple plus de réservations, c’est plus contraignant. Dans ce cas, une campagne en ligne avec Google Ads s’impose. Elle permet de promouvoir l’établissement par le biais de publicités ciblées dans les annonces de recherche Google. En principe, Google les comptabilise par le nombre de clics sur le site Web. En tant que restaurateur, je n’espère pas seulement beaucoup de clics, mais surtout des visites d’utilisateurs sur ma page Web, souhaitant par exemple réserver une table. C’est là qu’intervient Google Conversion: avec les bonnes informations, les visiteurs espérés sont dirigés vers mon site. Mais il ne s’agit là que d’une des nombreuses stratégies numériques – les possibilités sont considérables.

Donnez-nous votre avis sur quelques mots-clés du marketing analogique et en ligne. Newsletter?

Je ne suis pas fan des newsletters. Elles atterrissent bien souvent dans la corbeille sans être lues. Une newsletter vaut seulement le coup si on a vraiment quelque chose à partager.

Affiche publicitaire?

Même à l’heure du numérique, une affiche a toujours sa raison d’être. Par exemple, un restaurant pourrait faire de la publicité pour une escapade dans la région. Un code QR combiné à une offre de réduction sur l’affiche permettrait alors de mesurer combien de personnes réservent grâce à l’affiche.

Une appli propre?

Ça ne vaut pas la peine, sauf pour une chaîne de restaurants ou d’hôtels.

Optimisation pour les moteurs de recherche (SEO)?

Le SEO est élémentaire. Cela signifie que j’ai un site web optimisé pour les moteurs de recherche, pour que Google puisse classer le contenu par pertinence et que mon site s’affiche plus haut dans les résultats de recherche. Un bon référencement génère plus d’utilisateurs sur mon site web et, je l’espère, plus de réservations.

Instagram?

Instagram peut être très utile pour les établissements tendance dont le potentiel groupe cible est sur Instagram.

ChatGPT?

C’est un véritable accélérateur en marketing. Nous pouvons déjà produire des textes plus rapidement et nous pourrons l’utiliser pour programmer des sites entiers. Beaucoup de nos services seront plus abordables pour les entreprises.

SVEN HÄBERLIN

Age: 51 ans

Loisirs: la famille, le bien-être, les voyages, la lecture

Restaurants préférés: Parkhotel Winterthur, La Pergola à Winterthur (ZH), Tschadun à Kloten (ZH)

Appli préférée: «Pour des raisons professionnelles, tous les outils Google et l’appli des CFF parce que je suis souvent en déplacement.»

Entreprise

Avec sa société TourismusConsult, Sven Häberlin conseille les entreprises du secteur de l’hospitalité quant à leur stratégie marketing et numérique. L’hôtelier/restaurateur de formation est maître de conférences et enseigne dans plusieurs hautes écoles spécialisées telles que la FHGR ou l’école hôtelière de Zurich.

Texte: Simone Knittel

Photo: Heiner H. Schmitt